Paul Auster - "Tombouctou" |
Armand Monjo - Lettres du jardin L'héritier de Char |
Alain Demouzon - "Histoires féroces" Une fraternité barbare |
Monique Laforce - Des lilas à ciel ouvert Un indiscible parfum d'au-delà |
Geneviève Brisac - " Pour qui vous prenez-vous ?" En pointillés | Horia Badescu - "Abattoirs du silece" |
Julio Cortázar - "Marelle" Indépassable ! | Lucie Petit - Mosaïques Petit poucet |
Marie Desplechin - " Dragons" Le bonheur à en mourir |
Oeuvre poétique, peintures & dessins de Béatrice Douvre D'outre-tombe |
Alan Bennett - La mise à nu des époux Ransome Subtile cruauté ! | "Sur la plage de Chesil" de Ian McEwan Dans le secret des cœurs et des corps |
Marie Nimier - "La reine du silence Une évidence. | |
"L'homme qui tombe" de Don De Lillo La chute de l'Occident |
Des mots pour dire d'autres mots...
"Il est des lectures - d'un même texte - qui sont consciencieuses, des lectures qui tracent des plans et procèdent à des dissections, des lectures qui entendent bruire des sons qui ne s'entendent pas, qui décomptent des petits pronoms gris pour le plaisir ou pour s'instruire et qui, pendant un certain temps, n'entendent plus ni or ni pommes. Il est des lectures personnelles, qui s'emparent de significations personnelles, je suis empli d'amour, de dégoût ou de peur, je veux trouver l'amour, le dégoût ou la peur. Il est - croyez-moi - des lectures impersonnelles - où les yeux de l'imagination voient les strophes s'avancer, où les oreilles de l'imagination les entendent chanter et chanter encore.
Il est, de temps à autre, des lectures qui font se dresser les cheveux sur la nuque, qui font trembler ce pelage inexistant, et chaque mot brûle, chaque mot brille, dur, clair, infini, exact, comme des pierres de feu, comme les points lumineux des étoiles dans la nuit - des lectures où nous savons le texte différemment, mieux, à souhait, et où cette certitude devance toute possibilité de dire ce que nous savons, ou comment nous le savons. En de telles lectures, le sentiment que le texte est apparu entièrement nouveau, comme jamais vu auparavant, est suivi, presque immédiatement, par le sentiment que le texte a toujours été là, toujours, que nous autres lecteurs savions qu'il était là, et que nous avons toujours su, toujours, qu'il était tel qu'il nous apparaît enfin, quoique ce soit pour la première fois que nous venions en cet instant de reconnaître cette certitude, que nous ayons pleinement eu conscience de notre savoir."
A.S. Byatt - "Possession"
Paris: Flammarion