Si je devais donner une raison pour laquelle je me suis mise à écrire, je pourrais facilement dire que c'est à cause de la mort d'Alexandre en janvier 1983. Mais ce serait facile... et ce serait faux.
J'écrivais depuis bien avant... simplement au moment où l'oxygène s'est soudain raréfié et l'horizon rétréci à la manière d'un objectif d'appareil photo, ce fut la seule façon de respirer et d'avancer pendant les dix années qui ont suivi. Après ces gammes de la douleur dont quelques fulgurances ont mérité de survivre, j'ai tout simplement continué à dire le monde dans la seule langue que je connaissais.
Et mots à mots, je continue.
...
Et tout commence ce jour sans fin
Creusé au front du souvenir
Rythmant un bonheur enfantin
Irradié par ma voix et ton rire.
Viens encore à moi ce matin,
Accrocher ton visage aux portes de mon corps
Inscrire tes mots au creux de mes mains
Nourrir cet instant qui s'étire et se tord
Sans toi, sans nous, sans fin.
8 décembre 1998